Dans un organisme vivant, la motivation est la composante ou le processus qui règle son engagement pour une activité précise.
Conclusion : la motivation pousse à agir.

Neurosciences sur les émotions

 

I. Les 3 systèmes de régulations des émotions

 

Dans la régulation des émotions, 3 systèmes interagissent entre eux.

1er : Protection et menace
threat-focused, safety-seeking, activating/inhibiting, serotonin (?)
Emotions associées : Anxiété, peur, dégoût, honte, culpabilité

2ème : Motivation, excitation, plaisir
Incentive/resource, focused, seeking and behaviour-activating, dopamine (?)
Emotions associées : conduite, excitation, vitalité

3ème : Attachement, affiliation
affiliative focuser, soothing/safeness, opiate (?)
Emotions associées : compassion, altruisme et empathie

 

Protection de la menace

 

Sa fonction : constater les menaces rapidement afin d’y faire face.
Ce système vise avant tout à nous éloigner du danger.

Il nous oriente vers 3 types de comportement appelés les 3 F :
• FIGHT = combattre
• FREEZE = être paralysé
• FLIGHT = fuir

Système adapté à notre survie induisant des comportements sous contrôle aversif (fight, freeze or flight).
Leur fonction étant d’éloigner le danger le plus rapidement possible.
Comme il visait initialement à assurer notre survie, il est parfaitement adapté au monde hostile dans lequel nous vivions.

Détecter le danger rapidement afin d’adopter des comportements efficaces et immédiats pour y faire face.

Le problème de ce système de détection du danger est qu’il a tendance à :
⁃ considérer tout danger comme étant extrêmement grave ;
⁃ A la base survie, de nos jours il peut se révéler dans des contextes moins adaptés comme par exemple : patient qui a mangé trop de gâteau, réagit comme si tout était foutu voire même comme si sa vie en dépendait.
⁃ induire des pensées dichotomiques (bon/mauvais, blanc/noir, réussi/loupé)
⁃ Là aussi, à la base survie et peut de nos jours intervenir dans des contextes moins adaptés. Par ex : patient qui pense qu’il y a de bons ou de mauvais aliments, ou encore q’il n’ont pas réussi à ne pas céder à l’envie de sucré que c’est un total échec.
⁃ vouloir se débarrasser le plus vite possible du danger. Par ex : patient anxieuse par rapport à son poids (anxiété s’associe à ce système), souhaiterait que ce pb soit résolu du jour au lendemain.

Adaptatif dans le cas pour faire face à des dangers dans le monde extérieur, faire face à des prédateurs.
Pas adaptatif pour changer des comportements, notamment les comportements alimentaires, arrêter de fumer, etc.

Chez l’ê humain, du fait de son cerveau intelligent (capacité à penser, à avoir des raisonnement abstrait), certaines pensées ou souvenirs peuvent réactiver ce mode.
Ex : je peux avoir peur de mes pensées, la simple idée de grossir ou d’échouer pour peut me rendre extrêmement anxieux. Le simple fait de me remémorer un souvenir peut me rendre honteux.
Le langage peut rendre une expérience aversive du fait de l’activation de ce mode.

Ce problème est récurrent chez des personnes souffrant de TCA où rien que l’idée de manger peut rendre leur expérience aversive et sur-activer ce système.

Selon la thérapie d’acceptation et d’engagement, la souffrance n’est pas le fait de l’activation de ce système mais plutôt des comportements qui vont en découler.
La souffrance est la conséquence des comportements visant à éliminer, contrôler ou réduire la souffrance (c’est à dire les 3F, évitement expérientiel)
Ex : je suis anxieux par rapport à mon poids est ma réaction est de lutter (FIGHT) contre la nourriture/mon corps.
Au contraire le comportement va être de fuir (FLIGHT), je en veux plus que l’on me parle de cela, je vais éviter les miroirs pour ne pas ressentir d’anxiété.
Plus je lutte contre une expérience aversive intérieure, plus cette expérience intérieure va prendre de la place. Le cerveau va avoir tendance à réagir face à ses expériences intérieures de la même manière que face à un prédateur, or cela ne fonctionne pas bien.

Ceci est donc appelé en ACT « l’évitement expérientiel » : la volonté de se soustraire au fait de se sentir mal, anxieux, honteux ou de culpabiliser.

Le pb de cet évitement est qu’il réduit les répertoires comportementaux aux seuls comportements de et de lutte.
C’est à dire, pendant que je suis entrain d’avoir ce comportement d’évitement ou de combat, je n’aurai pas bcp de temps pour faire autre chose, cela prend tellement de place que ma vie se réduit à fuir ou à lutter. Pas efficace pour avoir une vie qui a du sens.

Ce type de motivation est une motivation qui coûte de l’énergie et qui va réduire l’expérience de vie.
Toujours lutter fatigue, « je combats mon poids depuis des années, je lutte contre mes kilos » = vocabulaire martial.
Les patients sont dans ce type de motivation qui induit un épuisement, une démotivation, un sentiment de perte de liberté.
Patient avec pb d’image corporelle : « je n’ai pas le choix, je dois perdre du poids »
Patient diabétique dont la maladie est pour lui anxiogène : « il faut à tout prix que je perde du poids. » → Ils ont perdu la liberté d’agir et sont alors dans un système de détection du danger, comme si leur vie en dépendait.

 

Comment apaiser ce système ?

 

Le trio émotions/pensées/sensations

émotions → ← pensées → ← sensations → ← émotions

Ces émotions peu agréables (anxiété, honte, culpabilité) vont être associées à des pensées et des sensations.
Tout à fait naturel, chaque ê humain connaît ces émotions et elles sont d’ailleurs utiles. Si nous n’avions du jour au lendemain plus de honte peut être que vous voleriez etc.
Le pb est quand ce système protection-menace se met en place, il va s’observer une tendance à l’action (fuir, combattre ou paralyser).
Le pb n’est pas la tendance à l’action, car finalement ce n’est qu’une tendance, mais c’est le fait de mettre en place ces comportements.
La marge de manœuvre se situe entre la tendance à l’action et la mise en place des comportements.

Ex de la honte : Contexte « je passe devant un miroir »
– Pensée = je suis une grosse vache
– Sensations = sentir d’avoir un ventre énorme
– Tendance à l’action associée à cette triade = je mange trop, envie de faire régime, envie de s’isoler, décliner des invitations

 

Les outils

 

La thérapie d’acceptation et d’engagement qui est une approche comportementale, dite de 3ème vague.
Elle vise à :

⁃ Se positionner en observateur. J’observe mes émotions, mes pensées, mes sensations et mes tendances à l’action.
⁃ Si je suis en observation je ne serai pas en « pilotage automatique » de mettre en place de ces comportements de lutte ou d’évitement.
Processus pouvant du coup apaiser un peu le système.
Accueillir l’expérience. Souvent lorsque l’on éprouve des expériences désagréables on essaye de les fuir ce qui a pour conséquence de les amplifier.
⁃ Déjà faire de la place à ce qui se présente même si ce n’est pas agréable.
Prendre du recul par rapport aux pensées dures ou aux jugements.
⁃ Si quand je passe devant un miroir je me dis que je suis nulle, j’ai un gros ventre… Apprendre à observer ses pensées avec un peu de distance. Se poser la question « cette pensée est-elle utile ou non ? »
Développer la compassion pour soi. Elle favorise l’accueil de l’expérience, des émotions.

 

Affiliation et attachement

 

Système d’apaisement, système dont dépend la compassion pour soi.
Immobilisation sans peur, ex : bébé qui pleur on lui apporte de la compassion en le prenant dans nos bras. On va faire de la place pour son expérience, l’accueillir avec bienveillance et douceur.

Lorsque l’on veut apaiser le système protection-menace on entraîne de la compassion pour soi c’est à dire se comporter avec soi avec sollicitude, avec bienveillance permettant de mettre de la distance par rapport à ce système là.
Lorsque l’on est triste, si une personne essaye de nous rassurer ce n’est pas très efficace mais si elle dit qu’elle nous comprend, que ce l’on vit est difficile… une écoute compassionnelle apaise un peu notre expérience.
Le but ici est de développer la compassion pour soir, se comporter comme avec un ami pour qui l’on éprouverait de la peine.

 

Motivation-plaisir

 

Système centré sur la recherche de satisfaction des besoins et mobilise l’individu vers l’atteinte de ses objectifs.
Système nous permettant de répondre à nos besoins vitaux : boire, manger, se reproduire…
(quand j’ai soif je suis motivée pour aller chercher de l’eau, quand j’ai faim mon cerveau pense à la nourriture et nous motive à manger…)
Système qui vise à nous approcher de nos besoins ou d’une source (potentielle) de satisfaction. Potentielle car parfois le système peut nous laisser croire que ce que l’on va obtenir sera formidable et ce n’est pas toujours le cas.
Système qui repose sur la dopamine → envie de fr qq chose

Un des limites de ce système est que parfois l’idée de satisfaire le besoin est plus intéressante que la satisfaction du besoin en lui-même.

Ce système met les comportements sous contrôle appétitif = la conséquence des comportements est de s’approcher.
C’est donc une motivation qui va donner de l’énergie et qui élargit l’expérience de vie. (contrairement à la motivation de protection-menace où l’on est sous contrôle aversif)
Par ex, lorsque j’avance dans des objectifs comme prendre soin de ma santé, avoir des relations épanouies avec les autres, ma vie s’ouvre, mon expérience s’élargit → motivation associée au sentiment de liberté.

ATTENTION, ce système n’est pas toujours source de bonheur.
Exemple, l’addiction. Dans l’addiction à une substance, le plaisir immédiat ou du moins la disparition du déplaisir, prend toute la place et plus nous éloigner vers une vie qui a du sens.
Du plaisir à court terme au détriment d’une vie plus intéressant. Par ex, fumer peut donner du plaisir à court terme mais peut être au détriment d’une vie sensée.

 

Comment utiliser ce système à bon escient ?

 

⁃ Utiliser les valeurs du patient comme une boussole, quelque chose qui va donner une direction.
⁃ Ce qui est intéressant lorsque l’on parle de valeurs que ce soit dans l’ACT ou dans l’entretien motivationnel, sont des choses qui vont donner du sens à l’existence (relation aux autres, relation à soi, la spiritualité…)
⁃ la thérapie ACT ou l’entretien motivationnel placent vraiment les valeurs au centre du processus.
⁃ Donner du sens au changement. Par exemple avec la cigarette, le système motivation-plaisir peut s’activer dans l’idée de fumer mais aussi dans l’idée de prendre soin de soi, de sa santé, un modèle pour les enfants, etc. Cela peut être des valeurs importantes donnant du sens au changement et stimuler ce système motivation-plaisir.

L’idée est peut-être que si l’on met en phase nos comportements avec nos valeurs cela peut être un très bon moyen d’activer ce système motivationnel. Sachant que ce n’est pas tjs source de plaisir à court terme, arrêter de fumer peut être associé à des déplaisirs, équilibrer son alimentation peut être source de contraintes mais malgré tout lorsque l’on utilise ce système et surtout lorsque l’on centre le travail sur les valeurs, simplement le fait d’avancer pour ce qui est fondamentalement bon pour nous, va nous donner de l’énergie.
Ce système motivationnel est associé au sentiment de liberté.
« Je suis libre par ex d’arrêter de fumer, de manger équilibré. »

Lorsque l’on active ce système, le but est d’être sur des comportements flexibles et aussi adaptés au contexte.
Par ex : si j’ai pour but de changer mes habitudes alimentaires, je suis sur ce système motivationnel je peux aussi agir avec cette flexibilité et peut-être que le jour où je suis à un repas avec des amis je pourrais peut-être m’autoriser un bon dessert avec de la crème parce que cela me fait plaisir dans ce contexte là.

Mais nous pouvons aussi être confrontés à des échecs, à des difficultés. Par ex, je peux être dans l’échec de mon sevrage tabagique ou des modifications de mes habitudes alimentaires . Je peux rencontrer des difficultés et c’est tout à fait normal, du moment où nous nous engageons dans quelque chose nous prenons le risque d’échouer.
Ex : acquisition de la marche lorsque nous sommes bébé, on tombe, on recommence, ce qui fait partie du processus d’apprentissage.
Le pb est que notre système menace-protection peut voir même les petits échecs ou difficultés comme des choses très graves.
Il peut donc s’activer et nous pousser à des comportements d’évitement, de fuite ou même de résignation. Ainsi devenir source de souffrance.
D’où l’importance de travailler sur le système affiliation-attachement.

Livre de Christine Neff sur la compassion de soi « Self compassion »  ou « Comment se réconcilier avec soi »

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